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Cours méthodique et populaire de philosophie
  
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Agenda de la pensée contemporaine
(cet article est paru dans le N°15, Hiver 2009 )


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N°15 - Les contributeurs
N°15 - A venir
N°15 - Résumés des articles
N°15 - Sommaire hiver 2009-2010
N°15 - Ouvrages recensés
N°15 - Summaries
N°15 - Grandeur et malheurs de la psychiatrie
N°15 - LES NUITS DE TIEPOLO
N°15 - L’ANALYSE SOURCIÈRE
N°15- Histoire de la folie à l’age moderne 1ère partie : "Grandeur et décadence de la psychiatrie"
N°15 -AVITAL RONELL : French connexion
N°15 - Identités multiples
N°15 - LA POÉSIE DU GESTE
N°15 - L’alchimie Koltès

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N°15 - Ouvrages recensés
par Pierre Chartier

- LETTRES, par Bernard-Marie Koltès, Les Editions de minuit, Paris -
BERNARD-MARIE KOLTES, Stock, Paris, 2009,

recensés par André Job

Bernard-Marie Koltès est mort il y a tout juste vingt ans. Cet anniversaire a été l’occasion de deux publications importantes : la première biographie de l’écrivain par Brigitte Salino et une édition
de ses Lettres par son frère. André Job rend compte de ces deux
ouvrages en dégageant ce qu’ils apprennent de nouveau sur la
personne de Koltès, comme son engagement au côté du pCF, sur
ses lectures ou sur la façon subtile dont certains événements de
sa vie l’ont inspiré. Mais l’intérêt de ces deux ouvrages est sur-
tout de montrer à quel point Koltès réfléchissait sur son travail
d’écrivain, s’intéressant aussi bien à la ponctuation (et plus généralement
au silence ou aux jeux de regards, faisant preuve dès ses débuts
d’une rare maturité et d’une vraie profondeur.

- L’ANTHROPOLOGIE DU GESTE, par Marcel Jousse, Gallimard, Paris, 2008

recensé par Philippe Beck

Excellente initiative des éditions Gallimard, la republication des
trois titres de Marcel Jousse (1886-1961) : L’Anthropologie du geste,
La Manducation de la parole et Le Parlant, la Parole et le Souffle.

Esprit infiniment créatif, Jousse a élaboré une anthropologie poétique
qui est en même temps une poétique de l’anthropologie : fondant
non seulement la poétique sur l’anthropologie, mais exposant une
poétique du discours scientifique sur l’homme, immédiatement
appliquée, note philippe Beck, par la conjonction du néologisme
didactique (d’une foisonnante inventivité) et d’un enseignement
strictement oral — lequel, heureusement, a été transcrit. Cette pensée originale et forte a été considérée dans cet article selon trois
angles successifs : une anthropologie du langage vivant fondée
sur la notion de geste ; un platonisme singulier quant aux forces
de mort de l’écrit ; une théorie du geste poétique, qui révise le sens
de l’unité des discours selon une rythmo-pédagogie première. On
comprend pourquoi le travail trans-disciplinaire du R. p. Jousse,
S. J., n’a cessé d’irriguer les recherches ultérieures. Il mérite d’être
redécouvert.

- COMPOSITION FRANCAISE. ESSAI SUR UNE ENFANCE BRETONNE
par Mona Ozouf, Gallimard, Paris, 2009

recensé par Philippe Raynaud

Dans son essai Composition française, l’historienne Mona Ozoufrevient sur son enfance bretonne. Elle explique comment son identité s’est construite dans la coexistence difficile du national et du
local : de la République et de la Bretagne. Ce tiraillement jamais
apaisé, dont elle rend compte avec sensibilité, éclaire son itinéraire
intellectuel. Il permet de comprendre que la réflexion de Mona
Ozouf sur les impasses de la culture révolutionnaire française ne
vient pas seulement du rapprochement entre la Terreur et l’expérience communiste ; elle vient aussi de cette conviction intime qu’il
y avait quelque chose d’injuste dans le refus des « particularismes »
dont firent preuve les révolutionnaires dès 1789. C’est donc son
autoportrait d’historienne que Mona Ozouf brosse en creux, celui
d’une « girondine » dans les deux sens du terme : contre la Terreur,
mais également contre les excès de la centralisation parisienne.

- TELEPHONE BOOK, TECHNOLOGIE, SCHIZOPHRENIE ET LANGUE ELECTRIQUE, par Avital Ronell, traduit de l’américain par Daniel Loayaza, Bayard, Paris, 2006,

- STUPIDITY, par Avital Ronell, traduit par Céline Surprenant et Chrisoophe Jacquet, Stock, Paris 2006,

- ADDICT.FICTION ET NARCOTEXTES par Avitall Ronell,traduit par Daniel Loayaza, Bayard, Paris, 2009,

- TEST DRIVE ; La passion de l’épreuve, par Avital Ronell, traduit par Christophe Jacquet, Stock, Paris 2009

recensés par Jérémie Majorel

passant outre le style spectaculaire d’Avital Ronell, Jérémie Majorel interroge ses quatre derniers livres traduits depuis peu en français. Le constat est saisissant. Inspirée par les dispositifs énonciatifs performateurs de Jacques Derrida, la philosophe américaine
se fait standardiste du verbe, multipliant les connexions immédiates à distance. Ces branchements de la métaphysique euro-
péenne, depuis platon jusqu’à Blanchot en passant par Flaubert
(Madame Bovary), Nietzsche, Heidegger et bien d’autres, sur des
sujets apparemment incongrus, réactivent des thèmes trans-séculaires : l’appel, la nage, les drogues, le deuil, la bêtise, l’épreuve,
la question… Moins provocante que convocante, Avital Ronell
électrise la pensée.

- LA PORTEE DE L’OMBRE, par Michèle Montrelay, Editions du crépuscule, Paris, 2009

recensé par Patrick Hochart

La place originale qu’occupe Michèle Montrelay au sein de la
mouvance lacanienne se manifeste, eu égard au thème par elle
privilégié de la féminité, et en l’occurrence de la gravidité, par
l’invention d’une « mythologie » propre, celle de l’« être-deux-dans ». À même sa pratique rompue aux drames et aux angoisses,
redoublant la « croix du transfert », l’auteur témoigne de moments
d’émotion pure, de joie fulgurante, « harmonique », marque,
dans son jaillissement, de l’implantation du petit humain dans le
corps qui le porte. Analysés avec une pertinente subtilité, dans le
droit fil de l’invention freudienne, ces moments ne sauraient don-
ner lieu à remémoration ou à représentation, mais ils sont réactivables. L’article suggère plusieurs incidences d’un tel couplage
primordial (contre toutes les formes, désolantes, de la fusion ou
de l’amalgame), là où résonne, trace « pathique » de l’Autre, un
« monde évanoui » (proust) : en termes d’inconscient, de cure, de
sublimation.

- VIE DU LETTRE, par William Marx, Editions de minuit, Paris, 2009

recensé par Tiphaine Samoyault

Le lettré n’est ni l’écrivain, ni l’intellectuel. Il n’a ni la singularité
du premier ni l’attachement au siècle du second. C’est ce qui justifie l’entreprise de William Marx dans son bel essai Vie de lettré :
écrire une biographie intemporelle et collective du lettré qui pré sente son mode de vie, l’emploi de son temps, ses mœurs et ses
traits distinctifs. Tiphaine Samoyault rend compte de ce projet
et des postulats qui l’autorisent (notamment celui d’une perma
nence de la figure du lettré) en le confrontant au célèbre ouvrage
de Julien Benda, La Trahison des clercs (1927), qui pose le problème
de la possibilité même d’existence du lettré aujourd’hui.

- LA ROSE TIEPOLO
par Robert Calasso, Gallimard, Paris, 2009

recensé par Alain Rauwel, Guillaume de Sardes

On fait communément de Tiepolo le peintre le plus léger et gai
d’un siècle réputé pour « sa douceur de vivre » (le mot est de Taleyrand). L’éditeur, écrivain et essayiste italien Roberto Calasso
prouve dans son ouvrage, Le Rose Tiepolo, que c’est là un lieu
commun. Il se penche à cette fin sur une série de gravures, les Scherzi, dont il fait valoir l’inquiétante étrangeté. Comment interpréter
ces œuvres où l’on voit des Orientaux âgés brûler des serpents sur
des autels en ruine ? Leur existence n’oblige-t-elle pas à réévaluer
toute la production de Tiepolo ? L’art du peintre vénitien n’est-
il pas plus profond qu’on le croit ? Ce sont là quelques-unes des
questions posées par Calasso. Ce n’est cependant pas tout l’intérêt
de son livre. Alain Rauwel et Guillaume de Sardes remarquent que
Le Rose Tiepolo a une portée plus générale : il montre par l’exemple
à quelles conditions on peut espérer comprendre une image.

- UN MONDE DE FOUS, par Patrick Coupechoux, Seuil, Paris, 2006

recensé par Jean-Loup Motchane

L’histoire moderne de la folie, telle que la décrit et l’analyse
Patrick Coupechoux, s’identifie avec la naissance et les avatars de la psychiatrie. Le geste « libérateur » de Pinel constitue le couple médecin-malade, ouvrant à l’âge d’or de l’aliénisme (différent
en France et en Allemagne). Alors que la rencontre est manquée
avec la psychanalyse, et que de puissants fantasmes eugénistes
travaillent la société, culminant avec les crimes nazis, la folie,
jugée soignable, se voit soustraite en partie à l’autorité judiciaire.
Avec la Libération, la psychothérapie institutionnelle et le secteur
tracent des perspectives « démocratiques » qui se heurtent, au
moment même de leur mise en place, à de multiples obstacles.
Contestée sur sa gauche par l’antipsychiatrie, mise en cause par
la montée en puissance du biopouvoir médical, qui s’appuie sur
la découverte de nouveaux médicaments et le succès des thérapies comportementales, la nouvelle conception ne résiste pas à la
généralisation, à partir des années 1970, des politiques étatique d’économie des dépenses publiques. La psychiatrie en est la première victime. Combinée avec la stigmatisation du fou criminel
dangereux, apparaît alors la notion globale d’une politique de
santé pour tous les normaux Histoire à suivre.


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