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Agenda de la pensée contemporaine
(cet article est paru dans le N°18 - automne 2010 )


articles parus en ligne
N°18 - Sommaire automne 2010
N°18 - Résumés
N°18 - Summaries
N°18 - les contributeurs
N°18 - Essai sur la gouvernementalité sécuritaire

Sommaire des anciens numéros:
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N°18 - Résumés
par Pierre Chartier

- essai sur la gouvernementalité sécuritaire

par Frédéric Gros

Comment le choix politique de la sécurité menace-t-il
toujours davantage, en nos âges de globalisation, les
libertés constitutionnelles ? Voilà ce que l’ouvrage clair et
percutant de Mireille Delmas-Marty veut montrer à trois
niveaux : de l’individu, de l’État, et de la planète. Qu’il
s’agisse de la rétention de sûreté, de l’état d’exception ou
du principe de précaution, accompagné de la sous-traitance
de la sécurité, les « passions tristes », jalousie, envie, frus-
tration, avidité -, (Spinoza) tendent à l’emporter sur la
joie partagée créatrice de solidarité. Cependant l’auteur,
juriste, ne peut être taxée ni d’angélisme ni d’idéalisme :
notre monde est dangereux, comme le dit le titre. Les poli-
tiques sécuritaires n’en sont pas moins déshumanisantes,
déraisonnables, et finalement insécurisantes.

- sociologie de la globalisation

par Philippe Raynaud

Mieux que toute autre discipline, la sociologie permet de
rendre compte de ce qui fait l’unité de la globalisation,
ou mondialisation, laquelle l’invite en retour à modifier
ses propres paradigmes. Le mérite du livre de Saskia
Sassen est de montrer comment l’unité de la mondiali-
sation s’enracine dans le local (des réseaux de villes) en
affaiblissant (apparemment) le vieil ordre stato-national.
Ce qui, en s’opposant aussi bien à la légende rose de la
mondialisation qu’à la rhétorique de l’altermondialisme,
conduit notamment à repenser dans ce nouveau contexte
les rapports qu’entretiennent les classes sociales « déna-
tionalisées ».

- le végétal et le médical : nouvelles
histoires de greffes et de « commerce »
du corps

par François Roussel

François Roussel met en série et en relation les ouvrages
récents portant sur les questions, à l’ordre du jour, de
la bioéthique en général et des greffes d’organes en
particulier. Commerce mercantile des corps ? Dérives
inquiétantes ? Confrontation d’un droit immuable, socle
éthique protecteur, avec des pratiques douteuses, voire
scandaleuses ? Ce n’est pas si simple. on constate plutôt,
à examiner chaque cas de près, l’écart qui sépare jusque
dans la même personne le savoir abstrait de la réalité
submergeante, et, plus dommageable encore, celui qui
oppose les savoirs sur des pratiques scientifico-techniques
en pleine expansion et les convictions de médecins et de
politiques « responsables », installés dans leur paterna-
lisme moraliste « à la française ».

- réception de LEVINAS

par Marc Crépon

Comment, pour affronter ce qui nous arrive aujourd’hui,
pouvons-nous nous instruire de ce que Levinas nous
lègue ? Quelle réception, se demande François Sebbah,
réserver aux écrits de Levinas au regard de « quelques
événements du contemporain » ? Marc Crépon, dans son
compte-rendu, s’attarde sur le quatrième événement, la
guerre. Si « Levinas dit l’être selon la guerre et la paix »,
c’est que l’habitant triomphant du monde que nous
sommes est soucieux de défendre son droit à la jouis-
sance et à la propriété, ou encore son droit au bonheur,
qui porte la guerre. Cela n’efface pas pourtant l’espoir
de l’interruption radicale que signifie l’endurance de la
vulnérabilité du visage d’autrui. Être ne suffit pas.

- par effraction dans la pensée captive
ou l’effacement des traces

par François David Sebbah

À l’occasion de la publication du premier volume des
Œuvres complètes d’Emmanuel Levinas, François David
Sebbah met l’accent sur les Carnets de captivité, acte de
résistance intérieure. S’il en apprend très peu sur la vie au
stalag, le lecteur accède en revanche aux hésitations d’une
écriture et à nombre de traces effacées dans l’œuvre. on
y lit à quel point le premier Levinas, lecteur passionné
de Proust et de Léon Bloy, projette une œuvre hybride :
philosophie, critique, littérature, où la fiction pousse la
déformation jusqu’au fantastique. Chez l’ami de Blanchot,
ces « expériences pures de l’être pur » donnent à lire
d’autres traces que celles qu’il a placées au centre de son
œuvre. D’où, avoue l’auteur du compte rendu, un certain
sentiment de gêne qui se mêle au plaisir de la découverte.

- l’instant littéraire et la condition
d’otage. LEVINAS, PROUST et la
signification corporelle du temps

par Danielle Cohen-Levinas

Un rapport essentiel à la littérature (Proust, surtout) est
manifeste dans les Carnets de captivité. Lectures, copies,
écriture : au cours de ces années où Levinas éprouve son
« incondition d’otage », il questionne, en particulier dans
la relation du narrateur à Albertine, le mystère incom-
mensurable d’autrui qui fait le fond même de l’amour.
Se démarquant de l’immanence heideggerienne, cette
réflexion menée au soir de journées terribles distingue
la « transdescendance », retombée en deça de l’être, et
la « transascendance », mouvement métaphysique vers
l’Autre. Cette distinction, travaillée dans les notes et
nourrissant les esquisses de deux romans, irrigue une
réflexion paradoxale, riche d’avenir, qui lui fera écrire :
« Les grandes expériences de notre vie n’ont jamais été,
à proprement parler, vécues ».

- le « miraculeux surplus ». les notes de
LEVINAS sur la métaphore

par Marc de Launay

A partir des notes de 1960-1962 « encadrant » Totalité et
infini (1961), Marc de Launay examine avec rigueur les
témoignages précurseurs d’une pensée levinassienne de
la métaphore ainsi que leurs transformations en aval.
Il convoque les philosophies de référence, de Platon et
Aristote à Heidegger, en passant par Kant, Humboldt,
Nietzsche, Husserl, ainsi que les travaux de proches
contemporains, Merleau-Ponty, Derrida (De la gram-
matologie, 1967) et Ricœur (La Métaphore vive, 1975), afin
d’expliciter le passage chez lui d’une conception de la
métaphore comme « miraculeux surplus » (non translatio
mais transductio) à celle de la « trace », distance immense
d’un passé immémorial, manière de théologie négative.
Comme l’indique Catherine Chalier dans son édition,
sa lecture de la métaphore et de la conceptualisation
conduit Levinas à une impasse et à une refonte, toujours
menacée par l’aporie. Le titre (en disjonction exclusive)
de son œuvre majeure en est le signe : Totalité [ou] infini.

- le stade de l’écho

par Jérémie Majorel

Reprenant la fable de Narcisse à laquelle ovide associe
Écho, nymphe condamnée à la pure répétition, Claire
Nouvet interroge au présent tout un pan de la culture
européenne, le renvoyant à lui-même comme autre,
image et son articulés et décalés. Paradoxe en écho de
Narcisse : Ovide à la fois anticipe et complique la scène
« formative » que Wallon et Lacan décriront bien plus tard,
ce qui ouvre de nouvelles perspectives sur des questions
fondamentales, à la fois psychanalytiques, éthiques et
phénoménologiques.

- le ruban de PROUST

par Pierre Chartier

Comment l’insignifiant Marcel est-il devenu le grand
Proust, l’auteur de la Recherche ? Non seulement cette
transformation s’est inaugurée par une révélation intime,
éblouissante, qui le jette dès 1909 dans treize années d’écri-
ture incessante, mais elle répond à un dessein délibéré,
une « démonstration » rigoureuse et cachée, « implicitée ».
En ouvrant et surdéterminant les « je » de la Recherche, en
inventant un performatif romanesque intégrant l’œuvre
de l’« intelligence » à l’œuvre d’art, Marcel Proust, homme
d’une « idée » géniale, est autant philosophe qu’écrivain.
Voilà ce que, selon une démarche soigneusement contrôlée,
veut à son tour démontrer Thierry Marchaisse. Le « ruban
de Proust » en est in fine l’irrésistible emblème.

- non identifiable. La tâche du poète-
traducteur

par Martin Rueff

Martin Rueff rend hommage à Yves Di Manno et à ses
Objets d’Amérique, œuvre à la fois personnelle et désiden-
tifiée, superbe « montage » d’un poète-traducteur. C’est
rendre du même coup hommage à la poésie plurilingue,
s’il est vrai que la pluralité des langues n’est pas seulement
le destin des hommes mais le point de départ de la voca-
tion des poètes. Les objectivistes américains que traduit
et intègre Di Manno (comme en témoigne le n° 18 de la
revue Fusées), n’inaugurent pas un nouveau formalisme,
basculement du sujet vers l’objet, mais accomplissent l’un
des gestes décisifs de la modernité : verser les sujets dans
les sujets, les déplacer dans la langue, dans les langues,
pour que s’élève, fût-ce jusqu’à la disparition et au silence,
le « chant commun ».

- la tradition de l’Histoire

par Patrick Hochart

« Peut-être en ai-je assez dit pour faire mesurer combien il
importe de se tenir en garde contre la double prétention,
illusoire et fallacieuse, à faire l’histoire et à lui prêter la
logique implacable d’un processus finalisé, quand les
hommes sont bien les acteurs de l’histoire, mais qu’ils n’en
sont nullement les auteurs et qu’au demeurant, l’histoire
n’a ni auteur ni fin. Pour baliser plus avant la question,
à coups de marteau mais sans le génie de Nietzsche,
sans doute n’est-il d’autres ressources qui permettent
d’échapper à cette illusion et à cette désespérance que
soit de sacrifier l’histoire en suivant Leo Strauss, soit de
la reconsidérer dans le sillage d’Hannah Arendt, en la
comprenant, à partir non pas de la fin mais de la natalité,
comme le lieu d’une incessante chance de nouveauté, qui
se dérobe du coup à toute saisie conceptuelle et qui invite
après-coup à une compréhension infinie. »


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