Agenda de la pensée contemporaine
(cet article est paru dans le N°15, Hiver 2009 )
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N°15 - LA POÉSIE DU GESTE
par
L’ANTHROPOLOGIE DU GESTE Par la réédition en un volume avec index thématique des trois titres [1] de Marcel Jousse (1886-1961), L’Anthropologie du Geste (AG), La Manducation de la Parole (MP) et Le Parlant, la Parole et le Souffle (PPS), Éric Vigne et les éditions Gallimard, avec l’appui de l’Association Marcel Jousse, viennent de rendre un précieux service à la poétologie et, faut-il ajouter, à ceux qui tiennent le langage pour un signe de perfection. Il s’agit bien, comme l’indique la quatrième de couverture, d’une œuvre transdisciplinaire qui « travaille souterrainement » notre temps. (Elle est notamment au cœur de certaines théories du rythme qui ont marqué ou impressionné l’époque, dans la mesure où elles ont essayé un discours sur l’homme dans son ensemble.) La réédition est encadrée, présentée par le « Comité » anonyme des « Études Marcel Jousse [2] ». Nous n’entrerons pas ici dans la question de savoir si la pensée de Jousse est essentiellement jésuite. Il y aurait lieu de se demander pourquoi la poétologie, notamment, s’est longtemps enrichie des apports de théoriciens appartenant à la Compagnie de Jésus (c’est le cas de Jousse, qui y entre en 1913, tout en poursuivant ses études auprès de Mauss, Janet, Dumas, Rousselot) ou d’autres ayant cheminé un temps avec elle (c’est le cas d’un Henri Bremond, le théoricien – avec Royère – de la « poésie pure », qui citait Jousse et Rousselot, eux-mêmes liés à Robert de Souza – j’y reviendrai ailleurs [3] ). Nous pouvons aborder ici la pensée de Jousse sous trois angles principaux. D’abord, sous l’angle d’une anthropologie du langage vivant fondée sur la notion de geste [6] . Ensuite, sous l’angle d’un platonisme singulier quant aux forces de mort de l’écrit. Enfin, sous l’angle d’une théorie du geste poétique, qui révise le sens de l’unité des discours selon une rythmo-pédagogie première. C’est à ce point que des questions se soulèvent puissamment sur les genres et les formes de langage et de pensée, eu égard au poème didactique et au lyrisme réflexif. 1. Une anthropologie moniste et dynamique : le Geste A) Mimismologie B) Bilatéralisme C) Formulisme Elles sont donc les supports essentiels de la mémoire, notamment comme « parallélismes formulaires » (AG, p. 247). Le grand exemple, pour Jousse, c’est le Pater, qui s’appuie selon lui sur les formules targoûmiques en araméen. Jousse réfère ici aux travaux de Léon Gry (AG, p. 337 et sq.) Il définit les Targoûms « les rythmo-catéchismes populaires » (AG, p. 339). Targoûm est un mot araméen « qui signifie "Traduction". La traduction de l’hébreu en araméen est ou bien « décalquante » ou bien « midrâshisante », i.e. commentante (AG, p. 352). Mais « targoûmiques » ou « tôrâhiques », les formules sont « mimodramatiques » (AG, p. 355). Déjà, Jousse s’en prend aux purs commentateurs, qu’il appelle, devançant des modernes antimodernes qu’il ne rejoindrait pas, les « Textualistes purs » (AG, p. 371). Ceux-là dictionnent sans actionner. 2. Le refus de l’écrit momifiant, ou Platon déplacé 3. L’anthropologie poétique et le rythmisme. Conséquences
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