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Cours méthodique et populaire de philosophie
  
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Agenda de la pensée contemporaine
(cet article est paru dans le N°12 - Hiver 2008-2009 )


articles parus en ligne
N°12 - Hiver 2008-2009
N°12 - Résumés des articles
N°12 - Ouvrages et expositions recensés
N°12 - Les contributeurs
N°12 - L’université sans condition
N°12 - Citoyens sans maître ?

Sommaire des anciens numéros:
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N°12 - Résumés des articles

- Citoyens sans maître ? par Jean-François Spitz

Dans le contexte de la guerre civile du XVIIe siècle, Hobbes réussit à imposer contre les républicains anglais une idée de la liberté politique contraire à toute la tradition classique. Notre liberté ne consiste pas à ne dépendre d’aucun maître, mais à ne pas rencontrer d’obstacle dans l’exécution de notre volonté. Mieux encore : indépendante des régimes politiques, elle est compatible avec la soumission à une volonté arbitraire, pourvu que celle-ci soit bégnine et laisse à ses « esclaves » une grande latitude pour satisfaire leurs désirs. Les deux ouvrages de langue anglaise dont rend compte Fabien Spitz proposent des analyses passionnantes, très précisément rapportées, sur les causes et attendus du passage du grand théoricien anglais d’une « liberté de l’agent » à une « liberté de l’action ».

- Du mot terreur par Tiphaine Samoyault

D’Aristote à Paulhan, de la Révolution française au 11 septembre, terreur est à la fois un mot et une chose. Comme mot, comme fiction, la terreur peut attirer, voire fasciner par l’intensité vitale qu’en nous elle convoque ou libère ; alors que comme chose, réelle, mortifère, elle nous défait et nous paralyse. Deux ouvrages récents nourrissent cette réflexion.
Gilles Kepel, qui distingue « conflit du Golfe » et « conflit du Levant », oppose le Grand Récit de la « war on terror » (génitif objectif ou subjectif ?) des conservateurs américains au Grand Récit du Martyre d’Al Qaïda et des commandos pro-sunnites d’Irak. Marc Weitzmann, pour sa part, rappelle le lien existant entre terreur et médias. A l’écoute de stratèges et conseillers comme Kissinger ou Podhoretz, il sonde en chacun la possibilité d’apprivoiser ou de dompter la terreur (affaire d’« équilibre » ?) par la guerre et la politique. Dans l’un comme dans l’autre ouvrage, la représentation, littéraire ou non, joue un rôle essentiel.

- Histoire et démocratie par Philippe Raynaud

Dans les ouvrages dont Philippe Raynaud fait le compte rendu serré, et qui doivent bientôt être complétés par plusieurs autres, Marcel Gauchet part d’une vision classique de l’histoire moderne en ses moments successifs depuis l’époque de Luther. Mais il donne de cette succession une interprétation profondément neuve, articulant l’histoire de la philosophie sur celle de la politique et débouchant sur une redéfinition de la démocratie comme régime mixte. La démocratie des modernes associe en effet, selon lui, une forme de communauté politique – l’Etat-nation –, un principe de légitimité – les droits de l’homme – et une dimension temporelle de l’action collective – la conscience historique.

- Le souci de soi est politique par Aliocha Wald Lasowski

L’Herméneutique du sujet (1981-1982), Le Gouvernement de soi et des autres (1982-1983) et les deux derniers tomes de l’Histoire de la sexualité (1984) de Michel Foucault déplacent la question du pouvoir vers celle du sujet : ce passage à l’éthique et au souci de soi intensifie le rapport au politique. Démocratie et vérité se requièrent l’une l’autre. Dans ce contexte, quel rôle joue la référence à la philosophie critique de Kant, depuis l’Introduction à la traduction par Foucault de l’Anthropologie du point de vue pragmatique jusqu’au commentaire du célèbre article de Kant « Réponse à la question : qu’est-ce que les Lumières ? »

- Les images, ces insoumises par Liliana Albertazzi

Dans ce beau livre d’historien de l’art, soucieux du fait religieux, conscient des racines et des ruptures historiques, Hans Belting part de la question capitale dans notre culture de la « vraie image », « celle qui n’est pas faite de la main de l’homme » : l’image du Christ. Il sait mettre en évidence le poids des considérations théologiques sur les avatars successifs de la peinture religieuse, marquée notamment par l’interférence du théâtre et du masque, la querelle byzantine des images, l’apport de la théorie de la transsubstantiation ou inversement l’influence du nouvel iconoclasme issu de la Réforme protestante, qui conduit à la naissance du portrait sécularisé dans le nord de l’Europe, signe de l’avènement de l’art comme pratique autonome, complètement nouvelle.
Liliana Albertazzi exhorte Hans Belting à ne pas cesser d’éclairer de sa compétence un domaine à propos duquel d’autres, depuis leurs disciplines, alternent banalités et vaine virtuosité. Il s’agit de rendre justice, estime-t-elle, à la cause des images, ces insoumises.

- Pour en finir avec la tradition orale ? par Florence Dupont

Qu’est-ce que la « chimère » du « serpent-oiseau » ? La révolution copernicienne accomplie par Carlo Severi consiste à partir des travaux d’Aby Warburg sur les hopis pour fonder une anthropologie des pratiques de mémorisation liées à l’image. Son livre ouvre deux voies : la première, d’ordre théorique, intéressera les philosophes s’attachant à l’esthétique de l’image et les historiens des pratiques graphiques de mémorisation — incluant l’écriture sans s’y limiter et sans en faire un paradigme de référence ; la seconde, branche de l’ethnopoétique, est un champ nouveau de recherches destiné à s’étendre à d’autres aires culturelles. A partir des pratiques mémorielles de Papous ou d’Amérindiens (kuna, apache, dakota, ojibwa, cheyenne, inuit), il repense « les arts de la mémoire » non plus seulement comme des moyens mnémotechniques mais comme des modes de production de performances discursives ayant des effets performatifs et subjectifs.

- La mémoire matérielle du temps par Pierre Chartier

A la fois réflexion d’un archéologue praticien et méditation d’un philosophe, Le sombre abîme du temps interroge la mémoire matérielle qui nous défait et nous fait, hommes et civilisations, en un cycle infiniment recommencé. Comme le dit Walter Benjamin : « La mémoire n’est pas un instrument qui permet d’explorer le passé, mais le support par lequel celui-ci s’exprime. C’est le médium du vécu, comme le sol est le médium dans lequel les villes disparues sont enfouies. Celui qui tente d’approcher son propre passé enseveli doit se comporter lui-même comme un homme qui fouille… » Ou encore, du même : « L’histoire est l’objet d’une construction dont le lieu n’est pas le temps homogène et vide (de l’historicisme), mais le temps saturé d’à-présent (Jetztzeit) ». Sur ces traces, grâce à Laurent Olivier, s’inaugure, pour le moins dans les sciences de la société et de la vie, une pensée renouvelée du temps.

- La relation des jours par Philippe Beck

Le Journal de Patrick Manchette (1942-1995), original penseur et auteur de « néopolars », mérite d’être lu à raison de ses exceptionnelles qualités. On y trouve notamment une réflexion aiguë, que souligne Philippe Beck, sur l’écriture qu’il met en œuvre, à la fois transitive et discontinue. Est-on en droit d’affirmer que ce journal si particulier est « intime » ?

- Anatomie d’une œuvre. Manet / Picasso par Françoise Gaillard

On peut aller au musée d’Orsay pour voir « du » Picasso, regarder les vingt-sept toiles de l’exposition comme un exercice de style permettant au peintre de s’essayer, parmi tant d’autres, à la manière d’un maître. Mais ces toiles ne servent-elles pas plutôt d’introduction au travail de Manet lui-même sur le propre de la peinture, travail continué par Picasso durant toute sa vie ?

- L’université sans condition par Jean-Loup Motchane

Réformer les grandes écoles françaises, notamment scientifiques ? Certes. Malgré leurs vertus, elles sont inégalitaires, inadaptées à la concurrence effrénée du monde moderne ainsi qu’aux exigences de la recherche scientifique. Mais pourquoi l’essai roboratif de Pierre Veltz ne propose-t-il pas de transformer dans le même mouvement l’autre composante, dialectiquement reliée, de notre système d’enseignement supérieur : les universités ? L’enquête menée par Jean-Loup Motchane nous fait apprécier les effets transcendants, surtout en France, du « classement de Shanghaï ». Par delà l’objectif européen proclamé d’une « économie de la connaissance », l’actuelle agitation fédératrice entamera-t-elle la résistance pluriséculaire des facultés et évitera-t-elle de ne reprendre du « modèle américain » que le pire, délaissant le meilleur ? Rappelons à toutes fins utiles, avec Derrida, les principes régulateurs d’une université digne de ce nom, c’est-à-dire « sans condition ».

- Philosophie de la marche par Frédéric Gros

Voici, extrait de l’ouvrage de Frédéric Gros, Marche : une philosophie, à paraître au printemps prochain aux éditions Montparnasse (collection « Carnets Nord »), deux moments : parmi les sages grecs, celui du cynique, personnage nu, rude et nomade ; et, plus près de nous, celui du grand marcheur des cimes à tous risques, Friedrich Nietzsche.
Une philosophie de la marche ne saurait se complaire dans de frivoles sophistications. Elle se nourrit d’espace, d’air pur, de paysages et d’une proximité avec notre corps qui permet de toucher à l’essentiel. On appréciera de ces pages la subtilité concrète, qui fuse incessamment vers le poème.


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