Agenda de la pensée contemporaine
(cet article est paru dans le N° 08 automne 2007 )
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N°08 - automne 2007
par
par François Jullien
Nouvelles sciences, nouvelles exigences
Un provocateur de génie? Gould ou l’amour de l’arbre du vivant
par Pierre-Henri Gouyon
Steve Gould est un personnage particulier dans le monde de la biologie de l’évolution. Certains le considèrent comme un génie, d’autres, comme un imposteur… Une chose est certaine : Gould aimait la controverse, il aimait s’opposer aux idées généralement admises. Il tenait à apparaître comme un penseur majeur des sciences de l’Évolution, et en un sens c’est ce qu’il est devenu, comme en témoigne son dernier livre en forme de traité testamentaire, où il nous lègue sa vision « structurale » de la théorie de l’évolution.
Le mathématiquement beau est-il physiquement vrai ?
par Etienne Klein
Lee Smolin a longtemps travaillé sur la théorie des supercordes, et il ne conteste nullement le fait que cette théorie se soit montrée capable de nouer, depuis plus de trente ans, une relation très fructueuse entre
mathématiques pures et idées physiques. Mais il s’étonne et déplore qu’une théorie inaboutie, qui n’est encore qu’un programme de recherche, ait pu acquérir le monopole qu’elle a aujourd’hui dans le petit monde de la physique théorique, et cela sans jamais s’être confrontée à l’expérience. Certes, la théorie des cordes est mathématiquement belle, mais il se pourrait qu’elle soit physiquement fausse…
Pour une écologie des sociétés humaines
par Jean-Loup Motchane
Comment étudier ‘scientifiquement’ les sociétés ? Et peut-on comprendre ce qui détermine leur survie ou leur effondrement ? Telles sont les deux questions qui sont au cœur du dernier livre de Jared Diamond, et ses réponses mettent en jeu des connaissances issues de champs aussi divers que la génétique, la biologie moléculaire, l’épidémiologie, la climatologie, la démographie, l’agriculture, l’archéologie, la linguistique, l’économie ou les sciences sociales. Une démarche interdisciplinaire d’une rare ampleur, qui renoue avec la grande tradition des encyclopédistes.
Fonctions de l’intellectuel ?
Qui a tué Madame Bovary ?
par Françoise Gaillard
Pourquoi fallait-il tuer Madame Bovary ? Parce qu’en se trompant d’envie, elle représentait une menace pour la Littérature et pour l’Art. Qui a tué Emma Bovary ? Sans doute aucun : Flaubert. Pour quel motif ? pour le salut de l’Art nous explique Jacques Rancière. Mais Flaubert ne pouvait tuer avec Emma toutes les « Bovary » contemporaines ou à venir. Il a laissé ce soin à Proust. Car dans un tout autre milieu social et culturel et disposant d’autres moyens financiers, nul doute qu’Emma fût devenue une… Madame Verdurin.
Penser avec la littérature, entretien avec Pierre Marchery,
propos recueillis par Aliocha Wald Lasowski
Comme le rappelle Pierre Macherey, il n’y a pas une seule forme de la vérité, mais plusieurs : la vérité pour les sciences, pour la philosophie, pour la littérature, n’est pas la même, mais cela ne veut pas dire que ces formes, qui d’une certaines façon rivalisent entre elles, s’excluent ; il faut plutôt dire qu’elles se complètent, à des niveaux différents. C’est précisément le message que la littérature nous adresse : elle démultiplie, elle diversifie le rapport que nous entretenons à la vérité, et par là elle lui confère une amplitude accrue.
Homo intellectus europaeus : une espèce en voie de disparition?
Par Pierre Chartier
En Février 1992, le sociologue allemand Wolf Lepenies, titulaire pour un an de la chaire européenne du Collège de France, a prononcé la leçon inaugurale de son cours, Les intellectuels et la politique de l’esprit dans l’histoire européenne. Quinze ans plus tard, ces conférences, viennent d’être publiées sous un titre ambitieux et alléchant : Qu’est-ce qu’un intellectuel européen ? Un livre qui ne répond pas vraiment à la question que pose son titre, mais qui reprend ou anticipe tous les autres livres de son auteur, en une sorte d’opéra érudit.
Ecrire la constitution
par Patrick Hochart
Comment éclairer une constitution sans de multiples compétences historiques, juridiques et philosophiques ? Or, sous ces trois angles, le livre de M.Troper sur la constitution de 1795 ne laisse guère à désirer, Et notamment parce qu’il conjugue avec soin et constamment ce qui a trait aux événements, ce qui relève de « l’ingénierie constitutionnelle » et ce qui ressortit aux « principes » de l’organisation sociale. Un ouvrage de référence, dont les analyses ne sont pas près de cesser de donner à penser.
Eloge du dé-lire
par Tiphaine Samoyault
L’œuvre critique de Pierre Bayard illustre en même temps qu’elle inaugure un nouveau mode d’écriture critique dont nous n’avons pas fini de prendre la mesure. Reposant sur des fictions paranoïaques, dans lesquelles « tout est vrai sauf une chose », elle permet de mettre au jour des vérités qu’on n’apercevrait pas autrement. Ainsi, quand certains tentent inlassablement de répondre à la question « qu’est-ce qu’écrire ? », Pierre Bayard cherche sans relâche à comprendre les implications de l’acte de lecture et des interprétations qu’il entraîne dans des mémoires oublieuses ou chez des esprits imaginatifs.
Métaphysique des moeurs
La galanterie entre libertinage et préciosité
par Philippe Raynaud
La Galanterie française de Claude Habib ne se présente pas comme un livre d’histoire littéraire mais comme un essai qui s’attache, par touches successives, à dégager une figure de sociabilité presque oubliée, qui ne survit plus que comme mythe et dont tout semble nous éloigner. Claude Habib redonne corps à cette figure en restituant les débats « bien connus », et donc méconnus, à travers lesquels s’est formée, dans une société parfaitement inégalitaire, l’idée que les femmes pouvaient y tenir une place qui ne se réduise pas à leur fonction dans l’ordre familial et qui a survécu à l’avènement de la démocratie.
Devenirs d’un monument historiographique
par François Roussel
Peut-on parler à nouveau frais d’une simple réédition ? C’est le pari que tient ici François Roussel à propos de l’Histoire littéraire du sentiment religieux en France, d’Henri Bremond qui vient d’être réédité en 5 volumes. Un événement pour tous ceux qui s’intéressent au statut et à la compréhension des textes « mystiques », aux réélaborations du sens même du terme et aux discussions incessantes du fait de son impossible délimitation. La vie des hommesprécaires
par Frédéric Gros
Après le gueux et le prolétaire est venu, pour nous, le précaire. Un certain découpage contemporain de la marginalité sociale s’y opère, avec toujours la même ambiguïté du geste qui en même temps cerne et exclue, désigne et rejette, embrasse et étouffe. Au-delà des pratiques et discours politiques, s’est constituée depuis quelque temps une sociologie de la précarité. Avec son dernier livre, Guillaume Le Blanc en propose pour la première fois une très rigoureuse philosophie, nourrit par la pensée de Canguilhem.
La réification ou les limites de la
reconnaissance
par Benoît Heilbrunn
Le concept de réification, ou de devenir-objet, désigne le processus cognitif par lequel une entité qui ne possède aucune caractéristique particulière aux choses est néanmoins considéré comme telle. Son intérêt théorique est qu’il vient bousculer la dichotomie sujet/objet dans laquelle s’est enfermée la pensée occidentale et offre un outil conceptuel pour comprendre les conséquences du pouvoir du Capital sur la conscience. Pour une politique mondiale de la traduction
Le Social Science Translation Project
par Ramona Naddaff
Comment traduire nation building en russe, « démocratie » en chinois ; gender en français, en russe, ou en chinois ; « alter-mondialiste » en anglais ? C’est pour affronter ces problèmes qu’Andrzej W. Tymowski et Michael Henry Heim ont entrepris, à partir de 2004-2005, de lancer le Social Science Translation Project. L’objectif était de mettre en évidence le rôle fondamental de la traduction et d’encourager les échanges par-delà les barrières linguistiques. Deux ans de travaux collectifs, menés aux Etats-Unis, en France et en Russie, ont abouti récemment à une série de Recommandations pour la Traduction des textes de sciences humaines largement diffusées dans le monde.
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