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(cet article est paru dans le N°17 - été 2010 )


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N°17 « A SERIOUS MAN » : prolégomènes à la théorie quantique des états psychiques

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N°17 « A SERIOUS MAN » : prolégomènes à la théorie quantique des états psychiques
par Jean-Loup Motchane

Compte rendu critique de l’article d’Étienne Klein ci-dessus

On aurait tort de penser que dans sa critique du film « A serious man » des frères Coen, Étienne Klein utilise l’expérience du chat de Schrödinger comme une simple métaphore. En réalité, il présente de manière amusante, bien qu’un peu elliptique, les dernières avancées scientifiques de la neuropsychiatrie quantique et de la biologie de la conscience ; autrement dit il s’est efforcé de vulgariser une nouvelle extension de la mécanique quantique aux phénomènes psychanalytiques.
Il a paru donc nécessaire d’expliciter l’exemple précédent de manière à pouvoir développer de manière plus complète et quantitative ce que l’on appelle désormais la théorie quantique des états psychiques.
Le professeur Jacq Nakal, directeur du Laboratoire des Neurosciences affectives de l’université du Wisconsin, a publié dès 2005 une étude pionnière intitulée "Experience and problem representation in psychic states" [1] . Ce travail impressionnant a ouvert la voie à toute une série d’articles, dont le dernier, le plus remarquable [2] , écrit fin 2009 en collaboration avec le physicien nobélisable Ron Bardhub, présente un modèle quantique universel de la conscience.
L’univers psychique étant dialectique, donc binaire, le modèle proposé ne peut être développé que dans un espace de Hilbert à deux dimensions (et deux seulement). L’objectif principal des neurosciences est de permettre de faire la distinction entre « bons » et « méchants », « innocents » et « coupables », « morts » et « vivants », « autour » et « alentour » [3] , bref 0 et 1. À chacune de ces interrogations correspond un opérateur de l’espace de Hilbert, qu’on appelle une « observable », et à chacune de ces observables un protocole de mesures sur le système, qui permet de répondre à la question posée.
J. Nakal et R. Bardhub ont montré de manière lumineuse que le Sujet de l’inconscient pouvait être assimilé à une particule quantique. Ils ont proposé de le nommer l’« inkonscion ».
Contrairement aux apparences, ce n’est pas un « fermion » mais un « boson » , plus exactement un « boson psychique » suivant l’expression du professeur Nakal. L’inkonscion » ne possède pas de charge électrique comme l’électron, mais une charge émotionnelle et un spin [4] S.
Or une des questions qui taraude le spectateur tout au long du film est précisément de déterminer si Larry, le héros des frères Coen, est innocent ou coupable des malheurs qui s’abattent sur lui.
Les réalisateurs eux-mêmes sont incapables de répondre clairement à cette question.
Appelons I-C l’observable dont la mesure fournira la réponse à cette interrogation. Cet opérateur possède, comme l’on sait, deux « états propres » [5]. non stationnaires, l’« état innocent » ou état |I> et l’ « état coupable » ou état |C>.
On constate qu’au début du film, Larry a été « préparé » dans un certain état psychique |ψ> bien défini. Cet état peut être représenté par une superposition (combinaison linéaire) des deux états propres de l’observable I-C, comme le fait observer Étienne Klein. Il s’écrit alors : |ψ >= a|I> + b|C> (a et b étant deux nombres complexes). Qu’est-ce que cela signifie ?
Comme nous tous, Larry oscille constamment au cours de son existence entre la certitude d’être innocent (état |I>) et le sentiment d’être coupable (état |C>). Plus rigoureusement, il existe une probabilité égale à |a|²pour qu’il soit dans l’état |I>) et |b|2 =1- |a2 pour qu’il soit au contraire dans l’état |C>).
C’est malheureusement tout ce que la mécanique quantique est capable de prévoir ; mais elle le fait de manière rigoureusement déterministe.
Comment déterminer ces probabilités ?
Tout simplement en effectuant, au sens de la mécanique quantique, une « mesure » de l’observable psychique I-C de Larry. Cette mesure consiste à faire subir à Larry N « épreuves » testant son innocence I (ou sa culpabilité C). Si l’on compte par exemple le nombre de fois n où il résiste à la tentation [6] , n/N représentera la « fréquence » avec laquelle Larry est innocent au cours de cette mesure. Si N est très grand@ [7]., cette « fréquence » constituera avec un peu de chance une très bonne approximation de la probabilité |a|2 recherchée.
Le dispositif expérimental est très simple. Toute les universités, même les plus pauvres en disposent : il suffit de trouver un étudiant qui, ayant échoué à son examen et disposant de pas mal de loisirs, accepte de demander à son professeur (en l’occurrence ici Larry Gopnik) de le lui accorder, moyennant rétribution.
Dans le film, Larry n’est mis que deux fois à l’épreuve. La première fois, il refuse de se laisser corrompre, la deuxième fois il est carrément vénal. On en déduit alors que n=1 et |a|2=|b|²) #1/2. Autrement dit, la probabilité que Larry soit innocent est égale à celle qu’il soit coupable.
Ce résultat était loin d’être intuitif. Il démontre à lui seul la puissance de cette avancée théorique. Malheureusement, sa précision est médiocre, voire inexistante, car elle repose sur un nombre insuffisant [8] d’épreuves effectuées lors du tournage [9] .
On comprend maintenant, à partir de cet exemple simple, comment et pourquoi J. Nakal peut continuer encore à affirmer que l’inconscient est structuré comme un langage, mais ajoute-t-il, de l’espace de Hilbert, ou plus exactement de l’espace de Hilbert-Freud [10]. . La théorie quantique des états psychiques est enfin capable de décrire de manière rigoureuse les états d’émotion les plus complexes.


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