Agenda de la pensée contemporaine
(cet article est paru dans le N°20 - Sommaire printemps 2011 )
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N°20 - Résumés
par
RÉSUMÉS ILLUSTRER LES MYTHOLOGIES La dernière édition des Mythologies est accompagnée d’une très riche et très impressionnante iconographie. Or, selon Françoise Gaillard, le projet original disparaît derrière ces photos d’époque. Le texte se réduit à une chronique des années cinquante. N’est-ce pas manquer l’essentiel de la démarche barthésienne, qui élabore une critique de l’idéologie en analysant la manière dont le mythe se profère et produit du sens ? RENAN ET L’HISTOIRE DES ÉTUDES GRECQUES Alors que Renan a exercé de son temps une sorte de royauté intellectuelle, son héritage semble aujourd’hui réduit aux quelques clichés d’une légende noire : père de l’idée républicaine française, anticlérical et antidémocrate, avec des relents racistes…La publication d’une étude monumentale rédigée alors qu’il avait vingt-cinq ans, et jusqu’à présent inédite, permet de mesurer l’apport indiscutable de Renan à la constitution des sciences historiques. Faisant œuvre de philologue mais aussi de philosophe, il observe l’étude de la langue grecque en Europe entre le Ve et le XIVe siècles. S’il modifie la perception reçue du Moyen Age, il souligne également les conditions historiques qui permettent l’émergence de la Renaissance, à l’origine de la littérature au sens moderne du terme. Sa méthode rigoureuse, qui restera d’actualité tant que la source grecque ne sera pas tarie, s’inscrit notamment dans un courant visant à fonder une nouvelle Université en rupture avec la tradition des jésuites et des lycées. Sur ce point aussi, Renan est d’actualité. PHILOSOPHER EN ROND. VIE DES FORMES ET FORMES DE VIE Au début de l’anthropologie sloterdijkienne se trouve la sphère. Déclinée en Bulles, Globes ou Écumes, cette forme permet de penser l’être dans sa recherche perpétuelle d’une sécurité perdue. Le philosophe envisage tour à tour les différentes niches de protection créées par l’homme : son univers matériel, concret et quotidien, mais aussi son organisation sociale, économique et politique, à la lumière de cet arrondissement spécifique « moderne » que représente la globalisation. Image utérine pour masses courant le risque d’être infantilisées, la sphère n’en est pas moins pour le philosophe le style même, goguenard et subtil, de sa pensée. « Le méta-outil qu’est la culture exerce dans sa globalité l’effet d’une couveuse dans laquelle une créature vivante peut jouir, de manière chronique, du privilège de l’immaturité ». L’œuvre de Sloterdijk participe de ces « autohypnoses cognitives » en même temps qu’elle en instille, avec un humour qui fait partie de son « message », le contrepoison. D’UN SEUL TENANT OU LE NOUVEAU COMMERCE Au cœur de la raison, la phénoménologie, le nouveau livre de Claude Romano, plonge au cœur de la phénoménologie pour en renouveler le projet. Dans une confrontation serrée et inédite avec la philosophie du langage inspirée de Wittgenstein, cette somme, ce tractatus logico-phenomonologicus se propose de retraverser les plus grandes questions de la philosophie du XXe siècle : le statut et la nature de l’expérience, le mystère de l’intentionnalité, la dispute du synthétique a priori, le rapport (en est-ce un ?) de l’expérience et du langage, le sens qu’il faut donner aux essences, la définition de la compréhension. Il faut donc interroger la nouveauté de ce projet dans sa radicalité : y-a-t-il a une rationalité du phénoménologique qui ne dépende pas de la dimension linguistique du logos ? Comment prêter l’oreille à cette prose ? « AU CŒUR DE LA RAISON » : LE CARDIOSCOPE PHÉNOMÉNOLOGICO-HERMÉNEUTIQUE DE CLAUDE ROMANO Aucun phénoménologue ne peut éluder les questions suivantes : quelle est son idée de la phénoménologie ? Y a-t-il des phénomènes privilégiés ? Quel est le sujet enveloppé par un tel projet phénoménologique ? À quelle histoire se destine-t-il ? Parce qu’il ne s’y soustrait pas, Claude Romano a écrit une nouvelle Krisis. Pour situer les enjeux de la phénoménologie et se situer à son tour dans un débat qu’il permet d’ouvrir, Romano retrouve la vigueur de Heidegger quand il s’en prenait aux « pratiques paysagistes » de la phénoménologie. Le résultat est une « cardioscopie » de la raison de grand style, « qui situe le cœur de la raison dans les relations de la pensée au sensible ». L’EXPÉRIENCE À DÉCRIRE : UNE LOGIQUE DU SENSIBLE OU UNE LOGIQUE SENSIBLE ? Dans Au cœur de la raison, la phénoménologie, l’objectif de Claude Romano est triple : formuler aussi clairement que possible le problème phénoménologique ; défendre une thèse phénoménologique, celle de l’autonomie de l’expérience antéprédicative ; proposer une déconstruction critique du concept reçu d’expérience. Selon Élise Marrou, c’est là un seul et même projet, celui de substituer à un concept appauvri et appauvrissant d’expérience un concept qui rende pleinement justice à la richesse et à la variété du grain de l’expérience sensible, et cela notamment par une confrontation avec Wittgenstein. En laissant le lecteur suivre le fil de l’article, on rappellera les termes de sa conclusion, qui saluent la magistrale démonstration de Claude Romano, mettant à jour une logique antéprédicative autonome du sensible, tout en soulignant la continuité étroite qui unit l’intelligence langagière à une intelligence prélinguistique inhérente à notre expérience du monde. VARIÉTÉS DU NON-CONCEPTUEL. SUR L’IDÉE DE SENS PRÉ-LINGUISTIQUE L’expérience possède un sens non conceptuel, les objets relèvent d’une légalité a priori irréductible à toute légalité linguistique : Claude Romano, c’est son mérite, replace la phénoménologie dans le champ général de la discussion philosophique. Cette thèse centrale se nourrit d’une confrontation avec la philosophie analytique (W. Sellars, J. Mac Dowell) à propos de la relation données sensibles–entendement, et d’autre part avec la pensée de Frege, à propos de la nature non linguistique et non conceptuelle du sens de l’intériorité. Denis Perrin commente ces discussions non pour récuser les positions de Claude Romano mais pour avancer que tout un pan de la philosophie analytique a lui aussi étendu le sens (ainsi le concept frégéen) au-delà de son acception linguistique, et que par ailleurs le mode de présentation perceptif dont parle Claude Romano a quelques traits de similitude conceptuellement importants avec ce que certains auteurs analytiques entendent par cette même expression. LE MONDE VÉCU RETROUVE SES COULEURS Comme en témoigne le sonnet des voyelles de Rimbaud, une objectivité nouvelle se fait jour au tournant du XXe siècle, affranchissant la poésie de toute forme « sérieuse » de magie des couleurs. Pourquoi cela ? Cet anti-symbolisme affiché, là comme ailleurs, signalerait-il qu’entre la physique des longueurs d’onde et notre appareil perceptif ne soit plus reconnu de rapport pertinent ? Claude Romano répond à ces questions dans « De la couleur », cours qui se concentre sur trois axes : la question de l’objectivité et de la subjectivité des couleurs ; celle d’une logique et d’une grammaire ; et enfin celle d’une réflexion sur le matériau de l’art qui rejoint les analyses de Merleau-Ponty : la couleur est une modalité d’apparition du monde lui-même, le monde phénoménologique, le seul à mériter de s’appeler monde. MAI, MAO ET MOI
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